Come on, it's just water - Liesel

Come on, it's just water

Liesel&Adam

Je crois que je me suis encore fait avoir. Lou a râlé toute la matinée pour aller à la plage. Comme j’avais une possibilité de congé, je pouvais dire oui… Sauf que moi j’avais plus envisagé de roupiller aujourd'hui et de rejoindre ensuite Liesel et les petits. Mais Lou a décidé que papa serait là, en mode zombie, et c’était pas négociable. après une heure de négociation, j’avais tout de même obtenu de dormir sur la plage sous le parasol pendant qu’elle jouerait avec les deux autres.

Vous allez penser que je suis un père laxiste et que ma fille me fait faire tout ce qu’elle veut. Vous auriez tort. Je comprends très bien que je manque à Lou. Elle est encore à un âge où on est collé à son père et quand on a une mère absente, c’est pire. Chaque fois que je suis en retard leur baby sitter doit leur dire que j’arrive ou les deux paniquent. Je sais qu’elle veut juste être avec moi, et c’est ça être parent, faire passer leur besoins avant les nôtres.

Quand c'est important, elle peut faire autant de crises qu'elle veut, je ne cèdes pas. Je ne le fais que si ça n'a pas d'incidence sur le reste. Je finis par habiller la puce - si je la laisse faire ça finit mal - et on est prêt. On file vers la plage et j’appelle Liesel qu'elle nous rejoigne. Il est tôt, mais j'ai enduis ma fille de crème - tant qu'elle ressemble à un gâteau avec glaçage - et Abel pareil. Donc au pire des cas on mangera sur place. J'installe les mini chaises longues et les deux grandes puis mets le parasol et hop là, c'est l'heure de regarder les deux petits se jeter dans l'eau. 

Enfin, ça aurait du si j'avais pas une peureuse nommée Lou. Elle adore ça mais aujourd'hui, madame a peur et reste à bonne distance, hurlant si son frère lui dit d'avancer, ou la tire. Je comprends pas et me lève et lui demande ce qu'il se passe. - Lou c'est que de l'eau, on y est allé depuis que t'es née ! - Elle me regarde et s'accroche à moi. - VEUX PAS ! Ya des requins. Copain il a dit. - Je lève les yeux en l'air et vois arriver Liesel. je me stoppe un moment. 

Ya une règle pour  ne pas avoir le droit de reluquer sa baby ? Parce que là je trouve ça difficile vu sa tenue, et sur une plage. - Tu tombes bien, il faut expliquer à Lou que les requins ne la mangeront pas et qu'ils ont plus peur qu'elle de la marée humaine... Hey. - Le ptit salut est plutôt étrange, mon regard aussi doit l'être. Heureusement que je bave pas hein. Les baby sitter devrait être moches.

Come on, it's just water

Liesel&Adam

La plage. Voilà ce qui était prévu avec la petite famille Macguiness aujourd’hui. Elle s’était tout de suite prise d’affection pour les deux petits loups. Elle détestait les enfants, mais eux… Elle ne saurait vraiment dire, comme un attachement étonnant, particulier, qui était né d’un hasard hasardeux, d’une rencontre des âmes qui ne résultait que de l’étrange emboîtement des faits, des astres et des relations. Une amie avec une gueule de bois trop violente, incapable d’aller travailler, un poney arc-en-ciel toujours ravi de pouvoir rendre service – oui, pas de problème, deux enfants, très bien. Au fond, elle était en train de mourir à cette idée, mais quelque chose d’autre l’attirait : de l’argent. Une soirée simple, à foutre deux trois baffes aux gosses s’ils étaient trop dérangés, et quelques billets empochés le lendemain. Au pire, que risquait-elle ? Elle ne les reverrait jamais.
Eh bien elle avait risqué quelque chose de pire, en soi : elle avait risqué l’attachement. D’aimer ces deux enfants colorés et colorant, aux idées incroyables et scintillantes, qui ne cessaient de lui en apprendre tous les jours sur ce qu’était la vie, la vraie, et pas juste celle en compagnie des chevaux aux écuries. Lou avait demandé, exigé, même, qu’elle soit présente pour une sortie à la plage. Un côté de Lies aurait aimé être payé pour cette journée, mais l’autre se disait que ce serait simplement une sortie, haute en couleurs, qui promettait monts et merveilles. Elle avait aussi un peu honte, de s’être attachée à ces idiotes petites choses, moins mignonnes que des chatons, plus bruyantes que des chiots, et moins intéressantes que des séries…

« VEUX PAAAAAS ! Y’a des requins. Copain il a dit. » Lou râle déjà, Lou râle encore, et c’est pourquoi le tourbillon de couleurs s’approche de la petite fille. « Attaque chatouilles ! qu’elle geint en se jetant sur la petiote, doigts armés, sourire ravageur, prête à la faire mourir de rire. » Ca marche toujours les chatouilles – surtout parce qu’elle déteste ça. « Tu tombes bien, il faut expliquer à Lou que les requins ne la mangeront pas et qu'ils ont plus peur qu'elle de la marée humaine... Hey. – Euh. Les requins n’existent pas, tout le monde le sait, commença lentement Lies, en fronçant bêtement les sourcils. C’est comme les licornes. » Elle haussa les épaules tout en déposant son sac près de leur petite maison de fortune. Elle retira son débardeur et sa jupe, dévoilant une magnifique deux pièces qu’elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de mettre (elle avait trop de maillots de bain quand elle habitait encore chez les Queen richissimes). Elle sortit une serviette qu’elle déposa près de la petite famille, sincèrement contente de passer un moment avec eux. « Alors quoi de neuf chez les Macguiness ? A part que vous croyiez aux requins bien sûr. » Liesel s’adressait surtout à Adam, avec qui elle n’avait pas eu l’occasion de discuter depuis un moment. En effet, la plupart de ses conversations étaient plutôt en compagnie de Lou et d’Abel, alors avoir le géniteur en face pour une fois était plutôt agréable. Surtout qu’il n’était pas désagréable à regarder.

Cétait rare qu'on soit là tous les deux et ça changeait un peu, souvent, si j'étais là, elle non. Mais ça faisait du bien de se reposer tout en ayant les enfants. Je ne faisais pas partie de ces gens qui pensent que si la nounou est là, ils peuvent glander. J'aimais être avec mes gamins, mais il fallait que j'amène le beurre dans les épinards, même si c'était vraiment une façon de parler puisque Lou avait décrété, du haut de ses deux ans et demi, qu'elle ne mangeait pas la nourriture de ET. Son frère mangeait de tout mais de toute façon, ces deux là c'était le jour et la nuit. Après, même si le ptit n'était pas aussi chiant que sa soeur - appelons un chat un chat - il n'était pas mou pour autant, juste différent et moins autoritaire. Certains parents me regardaient bizarrement, pensant que j'étais pas assez ferme avec Lou, s'ils avaient eu la ptite une journée, ils sauraient qu'avec elle c'est compromis, ruse et fessées et rien d'autre. Le pire pour les deux c'était punition de câlin. Je décrétais une gréve de câlin - ils avaient de qui tenir non mais - et Lou devenait folle si elle avait pas d'attention de son père, Abel faisait juste une mine tristounette mais étant plus obéissant c'était plus avec Lou. elle était sublime, la Liesel, habillé ainsi. Il allait falloir que je m'empêche de faire le débile ou de trop reluquer. Je pouvais pas me lâcher complètement avec la baby sitter de mes gamins ou elle s'enfuirait en courant. Je la regardais chatouiller la petite qui hurlait comme un gosse qu'on égorge et un sourire se plaqua sur mon visage. voir ma fille rire était  vraiment agréable, surtout vu les débuts de notre famille bancale. Les grands sourires du ptit étaient plus rares. Voilà qu'elle sortait ses inepties, ensuite il fallait expliquer au grand que c'était juste pour Lou, ce genre de bêtises. Mais au moins, ça la calmait, elle aurait été capable de chercher aussi des licornes dans la forêt, j'en étais sur. Certaines fois, elle trouvait juste des excuses pour ne pas dire qu'elle n'avait pas envie ou qu'elle avait peur sans vraie raison. Elle me parlait à moi, c'était étrange. A par les clients, mes collègues, et quelques parents parfois, je ne parlais pas à des adultes en dehors. Et nous ne parlions pas tant que ça, tous les deux. J'étais aussi doué qu'à un premier rendez vous. Je savais que j'aurais du prendre une nounou moche, on m'avait prévenu. - Rien de spécial. Je songeais à dormir quand ma nounou a commencé à m'adresser la parole. Je voulais dormir aujourd’hui, j'ai fait trop de shift d'un coup pour payer les futures vacances, jsuis mort de chez mort en fait. Tu as devant toi un mort vivant et toi quoi de neuf ? - Ca faisait étrange, on parlait comme si on était de vieux potes, mais je n'aurais pas pu lui parler comme à un employé, car j'avais qu'une façon de parler. Et aussi parce que j'aurais eu l'impression de la prendre de haut. J'avais tout de suite su qu'elle était faite pour mes gosses ce jour là, mais parfois, je me demandais si j'avais pas eu envie qu'elle me garde aussi tiens...

Come on, it's just water

Liesel&Adam

« Rien de spécial. Je songeais à dormir quand ma nounou a commencé à m'adresser la parole. Je voulais dormir aujourd’hui, j'ai fait trop de shift d'un coup pour payer les futures vacances, jsuis mort de chez mort en fait. Tu as devant toi un mort vivant et toi quoi de neuf ? – Oh, pardon, je peux m’occuper des petits si tu veux dormir. » Elle perdait un peu de son tempérament flamboyant auprès de lui, car il restait malgré tout son patron. Même si elle n’était pas hypocrite et ne pouvait pas cacher son réel comportement, elle pouvait au moins l’atténuer – non seulement parce qu’elle s’était (un peu) attachée aux enfants, mais aussi parce que l’argent qui tombait tous les mois pour faire un boulot agréable, c’était sympa aussi. Liesel avait malgré tout le sens des réalités, et si elle se permettait d’être sans gêne ou bornée avec quelqu’un, c’est parce qu’ils s’étaient déjà apprivoisés un minimum. « Pas grand-chose… » Elle ne voulait pas trop l’importuner non plus puisqu’il avait fait la demande de pouvoir dormir. Comment y parviendrait-il avec les deux petits monstres à côté de lui ? Abel s’était emparé d’un sceau et d’une pelle pour commencer à faire des pâtés de sable mais la jeune femme était persuadée qu’il viendrait bientôt quémander de l’aide à son père – ou à elle, d’ailleurs. « Je suis en train de considérer l’idée de faire quelque chose d’un peu mieux de ma vie. » Elle avait lâché ça un peu sans réfléchir – c’était surtout le départ de Lyana qui commençait à la faire réfléchir. Elle était partie pour faire des études. Des études quoi. Enfin ce n’était pas le genre de Liesel, des études, mais… Mais pourquoi pas, en fait ? C’était quoi son genre ? Sauf que faire des études, ça signifiait avoir de l’argent. Retourner chez papa/maman ? Pour le moment elle n’en savait rien, ce n’était que des prémisses d’idées, que des bourgeons, mais qui finiraient tôt ou tard par éclore, et c’était ça qui lui faisait le plus peur. Ses réalisations à la fête foraine lui avaient tout de suite plu – sauf qu’elle avait pensé que ça lui rapporterait plus. Qu’elle aurait pu en vivre, peut-être, pourquoi pas. Mais son maigre talent et son manque de sérieux dans son travail ne pouvaient pas l’emmener aussi loin qu’elle l’aurait voulu. Aux écuries, elle ne monterait jamais vraiment en grade non plus… Et elle ne se voyait pas enchaîner les petits boulots toute sa vie. Peut-être qu’elle voulait d’une belle carrière, en fin de compte…. ?

J'étais tout sauf subtil. Je voulais pas la vexer ou autre mais au final c'était plus ou moins ce que je faisais. Pourtant je la respectais, mais là j'étais dead et je rêvais d'un lit. comme ma fille en avait décidé autrement j'avais eu l'idée de dormir mais à présent, j'en avais bien moins envie. - Non t'inquiète pas je peux discuter et somnoler, je le fais souvent quand le babillage de Lou me gonfle. pas que tu me gonfles hein. - Et encore raté. On était pas loin du désastre là. Elle n'était pas tellement plus douée pour me parler. parfois j'avais comme l'impression que je l'intimidais et qu'elle n'osait pas parler comme avec n’importe qui. On allait aller loin. Abel faisait mumuse avec sa pelle et j'espérais qu'il ne me réclame pas. Il savait que lorsque la nounou était là, papa se reposait, mais parfois, il s'en moquait et demandait quand même. Mais la suite m'apparut comme surprenante. Elle venait de se confier. A moi. J'aurais bien regardé derrière moi mais non c'était à moi qu'elle parlait. Elle voulait "faire quelque chose de sa vie". C'était une bonne idée même si j'avais peur que je finisse avec une nounou en moins après. Même si je me doutais qu'elle y était déjà accro à ces bestioles. Je la fixais, plongeant mon regard dans le sien. Pour certains mon job était pas terrible. j'étais pas un médecin ou un grand chirurgien, juste un ambulancier, mais pour moi, c'était beaucoup. Je comprenais le sentiment. - Ah oui ? Et tu as déjà une idée précise ? Je peux aider ? - Voilà que je m'incluais dans ses projets. N'importe quoi. Pourquoi je lui disais pas "je veux te prendre sur le sable" pendant que j'y étais. Et pourquoi je pensais soudain à ça moi ? Peut être la tenue qu'elle portait, le sable, l'eau. elle me faisait perdre la tête avec cette façon de.. Merde. Je tournais vivement la tête et regardais si mes deux chers bambins jouaient toujours. Lou était revenue et restait collée à moi et refusait de s'approcher de l'eau. - Je pense que tu pourrais faire tout ce que tu voulais, si tu voulais. - Voilà que je lui donnais dans le compliments et les encouragements. J'aurais aussi bien pu lui dire " je crois en toi". Plus cliché il n'y a pas. - Lou rejoins ton frère ok ? - Que je dis finalement, comme si je voulais rester à parler. Les gamins perdaient au change. Les adultes avaient envie de parler à présent. Enfin si je ne faisais pas fuir Lies. Je reprenais ma position mi allongé et regardais le ciel, attendant ses réponses avant de m'enfoncer un peu plus. Et si je regardais encore ses yeux, ses lèvres, j'allais pas rester concentré.