Au final, elle est pas si pourrie, ma vie.
Une journée comme toutes les autres, banale, sans grandes choses à raconter en rentrant de la maison. Mais d'une certaine façon à qui le raconter ?
Charlie, médecin âgée de 28 ans, née le 1er novembre 1989 à Manchester, vivait seule, sans personne à qui se confier le soir, après une journée de boulot, excepté son ara bleu. On dit que le 1er novembre serait le jour de la fête des morts. Pas de chance d'être née ce jour. A vrai dire, la chance ne lui souri pas beaucoup, à Charlie.
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Fille aînée de la famille Ward, Charlie a eu le droit d'être chouchouté et adoré durant toute son enfance. Ses parents voulaient faire d'elle une petite fille parfaite, l'enfant-modèle dont tout le monde rêverait. Leurs rêves auraient pu se réaliser, jusqu'au jour où ils firent leur plus grosse erreur, aux yeux de Charlie ; ils eurent une deuxième fille. Mais l'euphorie des bébés leur était déjà passée, et ils s'occupèrent moins de la petite Dylan, sans pour autant continuer de pousser leur pauvre aîné vers l’excellence. Cette dernière n'avait pas d'amis, elle vivait dans une bulle. N'ayant pas d'autres choix pour s'occuper que de relire pour la énième fois son livre préféré.
Au fur et à mesure que les années passaient, Charlie n'avait toujours pas d'idée fixe de métier. Ses parents l’encourageaient à travailler dans la médecine ou encore en tant qu'avocate. De toute manière, elle n'avait pas le choix. Elle s'était créé une image, celle de l'enfant-modèle, et elle savait qu'elle ne réussirait jamais à la retirer.
Arrivée au lycée, elle était toujours seule. Envisagée une relation avec un garçon dépassait de loin ses espérances. Elle n'avait même pas d'amis, du moins, presque pas. Tout le monde n'avait d'yeux que pour sa peste de sœur qui ne loupait aucune occasion de lui rappeler qu'elle, elle avait eu le droit de choisir sa vie. Mais au moins, Charlie était sûre d'avoir un avenir, un métier plus tard. Alors, tout n'était peut-être pas si désespérée .
Le jour de ses dix-huit ans, il n'y avait pas grand monde. Dylan n'avait que treize ans et pourtant, elle était déjà plus libre que sa grande sœur.
Dylan n'avait pas d'avenir, mais il s'avéra que Charlie n'en trouve pas non plus. Après réflexion et principalement pour faire plaisir à ses parents, la jeune adulte décida de se lancer dans la médecine. Elle ne souvient plus d'être certaine que c'est bien elle qui ai choisi cette voie.
Elle travaillait dur, le ventre noué à l'idée de décevoir ses parents après tant d'années. Petite, elle se faisait punir dès que ses notes atteignaient les moins de 17 sur 20. On la traitait d'intello, mais pourtant, aux yeux de ses parents, un 17 ne semblait pas suffire. Tandis que sa misérable sœur pouvait ramener n'importe quelle note, sortir de la maison quand bon lui semblait, sans avoir sur son dos les râlements incessants de ses parents. Tout cela était injuste, mais Charlie avait appris à vivre avec cette injustice. Néanmoins, elle ne supportait pas l'idée que Dylan puisse se vanter d'être meilleure qu'elle.
Oui, Charlie était jalouse, extrêmement jalouse.
Mais finalement, l'avenir réserve parfois des surprises et la roue peut tourner à tout instants.
À l'âge de 25 ans, la jeune femme finit par découvrir un nouveau sentiment ; celui de l'amour. Elle avait passé tellement de temps dans ses études, enfermé dans une pièce, qu'elle n'avait encore jamais embrassée de garçons.
C'était au cinéma, ils ne se connaissaient à peine, mais le film était si romantique qu'ils n'ont su résister. Ils se sont embrassés, plusieurs fois. Puis ils ne sont jamais revus. Malgré le court instant passé ensemble, Charlie ne regretta jamais cette première expérience. Depuis qu'elle était devenu médecin, qu'elle vivait sa propre vie, et qu’elle n'avait plus ses parents sur son dos, et elle put enfin découvrir ce qu'étaient les joies de profiter de sa vie. Elle regrettait beaucoup de ne pas avoir profité plutôt, mais quand elle apprit que sa sœur était devenu strip-teaseuse, elle se félicita de ne pas avoir abandonné. Grâce à son métier, la jeune femme avait les moyens de se payer un logement et de quoi se nourrir. Finalement, tout semblait bien se dérouler. Charlie décida de profiter un peu plus, de se faire des amis, de faire la fête, de faire ce qu'elle voulait. Mais il restait toujours le problème de sa sœur. Malgré l'avenir misérable dans lequel s'était fourrée Dylan, cette dernière ne se lassait pas de rappeler à sa sœur qu'elle avait eut plus de chance qu'elle, et que c'était toujours la meilleure.
Un an plus tard, Charlie avait reçu une promotion pour un poste à Lorwels, ville située à environ 200 km de Londres. Tout d'abord douteuse, la jeune brune finit par accepter en réalisant que partir jusque là-bas l'éloignerait encore un peu plus de ses parents. Non pas qu'elle ne les aimait pas, seulement, elle considérait avoir déjà passé trop de temps avec eux et estimait avoir le droit de vivre une vie d'adulte, désormais. A partir de maintenant, elle allait prendre les choses en mains.
Malgré son éducation, la belle brune avait tendance à prendre les gens de hauts, et elle semblait prendre un plaisir fou à jouer aux rebelles. Après tout, c'était l'occasion ou jamais de se faire connaître sous une autre identité, de tourner la page une bonne fois pour toute, et de vivre la vie qu'elle voulait vivre. Néanmoins, le fait que sa sotte de sœur déménage également à Lorwels ne faisait pas partie des plans de Charlie. Tant pis, à partir de maintenant, elle allait lui montrer qui était la meilleure.
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La porte de la voiture claqua. Déjà un quart d'heure qu'elle était assise dans sa bagonle, sans faire le moindre mouvement. Elle cligna des yeux puis enfonça la clé. Le moteur émit une sorte de ronflement puis fit démarrer l'engin à toute vitesse. Charlie jeta un coup d’œil à son téléphone posé sur la place du passager.
« Tiens, un nouveau message. »Elle profita que le feu soit rouge pour jeter un coup d’œil à l’appareil. C'était une de ses collèges qui lui disait qu'elle avait oublié ses clés à l’accueil
Charlie jura et fit demi-tour.
Soudain, elle aperçut un jeune adolescent se jeter sur la route. Affolée, elle tourna le volant telle une dingue, réussissant de justesse, et non sans dégâts, à sauver la vie de ce jeune inconscient. Sans se préoccuper de l'état de sa voiture, elle se précipita dehors cherchant du regard le jeune garçon. Elle le retrouva le visage livide, accompagné de deux autres garçons de son âge. Un d'eux tenait son téléphone et semblait regarder une vidéo en boucle. Charlie finit par réaliser qu'il venait de filmer la scène.
« Mais qu'est-ce qu'il vous a pris ?! » explosa-t-elle.
Les jeunes garçons ne semblèrent pas lui prêter la moindre attention et commencèrent à s'éloigner. Soudain, l'un d'eux se retourna en riant :
« C'est ça, NERVE ! » « NERVE ? » répéta Charlie.
Mais elle n'eut jamais de réponse.